À Dakar, les boutiques optiques poussent comme des champignons. Dans presque chaque quartier, on en trouve proposant des lunettes à des prix imbattables. Une aubaine pour les clients en quête de bonnes affaires, mais un risque réel pour la santé oculaire. Car derrière ces vitrines alléchantes se cache un véritable marché noir de la lunetterie.
Souvent importées sans le moindre contrôle sanitaire, ces lunettes sont vendues sans consultation préalable. Pire, certaines de ces boutiques improvisées proposent même des examens de la vue à leurs clients. Une pratique illégale, dénonce le Dr Moctar Dieng Badiane, coordonnateur du Programme national de promotion de la santé oculaire (Pnpso).
« Il y a une loi et un arrêté qui stipulent que pour ouvrir une boutique optique, il faut l’autorisation du ministère de la Santé et être opticien de formation. On ne peut pas se contenter d’un simple Ninea du ministère du Commerce pour ouvrir une boutique optique », rappelle-t-il, fustigeant l’anarchie qui règne dans ce secteur.
Le phénomène ne se limite plus aux trottoirs. Aujourd’hui, des individus investissent les réseaux sociaux pour proposer, sans aucune habilitation, des consultations ou des lunettes de correction. « Une circulaire avait pourtant été publiée pour interdire ces publicités mensongères », souligne le spécialiste.
Face à l’ampleur du problème, le ministère de la Santé travaille à l’élaboration de normes et de protocoles pour encadrer le secteur. Car, selon Dr Badiane, les conséquences peuvent être graves : « Si c’est un élève, ses performances scolaires peuvent chuter. Si c’est un adulte, son rendement au travail sera affecté. Ces lunettes peuvent provoquer des maux de tête, un inconfort ou une fatigue visuelle. »
Le médecin en appelle donc à la vigilance des consommateurs : « Il faut s’orienter vers des spécialistes. » Et il prévient : la complaisance n’a plus sa place. « Ces boutiques optiques n’ont pas le droit d’effectuer des examens ophtalmologiques. Elles ne doivent que vendre. Nous allons proposer un arrêté pour réorganiser le secteur et le placer sous la régulation du ministère de la Santé. »
(Source : Walf Quotidien)