Dormir au cœur d’un village médiéval, avec une vue à couper le souffle sur la mer Méditerranée ? C’est possible. Entre Nice et Monaco, non loin de l’Italie, se tient perché à 430 mètres d’altitude un tout petit village, pittoresque à souhait : Èze… Et son iconique château suspendu de la Chèvre d’Or, ouvert en 1953. Visite.
En entrant dans le Château de la Chèvre d’Or, un « waouh » s’échappera naturellement. Et pour cause, n’importe quel point de vue est tout bonnement spectaculaire, la mer s’étendant à l’infini au-devant. Chaque bâtisse, chaque jardin offre l’un des plus beaux panoramas que personne n’ait jamais vu sur la Méditerranée. Une fois les grilles du parking passées, une fois la ruelle arpentée, c’est le château qui ouvre ses portes, pour une immersion hors-du-commun dans un village-hôtel cossu, amas de maisonnettes toutes devenues des chambres pour le moins uniques.
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Ce qui distingue le Château de la Chèvre d’Or, c’est sa situation géographique. Il se trouve en plein cœur du village médiéval d’Èze, situé à flanc de montagne à 239 mètres d’altitude… Et habité par seulement quelques irréductibles familles. L’hôtel ne fait qu’un avec le village historique et occupe aujourd’hui plus d’un tiers de ses bâtisses, formant un arc de cercle étendu autour du fameux panorama. Établissement mythique de la Côte d’Azur, le palace cinq étoiles est aujourd’hui un hôtel Relais & Châteaux — et ce n’est en rien surprenant, puisque l’association (née en 1954, une année après la Chèvre d’Or, ndlr) sélectionne des établissements d’exception, authentiques, à l’emplacement rare.
Son jardin luxuriant, ses passages dérobés et ses sculptures d’animaux géants posées çà et là renforcent ce cadre enchanteur, voire féérique. L’établissement compte 45 chambres et suites, disséminées à travers le village et les jardins, sublimées par le camaïeu de bleus de la mer. Pas de décoration tape-à-l’œil, au contraire, le château de la Chèvre d’Or tient à rester chic et contemporain, un lieu où « les œuvres d’art, les dorures des vasques et des baignoires font un clin d’œil à l’histoire et au nom de l’établissement. » Piscines et jacuzzis — publics et privés — viennent s’ajouter à ces prestations déjà remarquables.
Lieu de villégiature inspirant, le château a accueilli son lot de personnalités. Ainsi, Walt Disney y aurait déjeuné avec sa fille en 1956 et, décelant le potentiel du lieu, conseillé à son propriétaire Robert Wolf, acquéreur en 1953, de transformer la Chèvre d'Or (alors restaurant, ndlr) en « établissement hôtelier de prestige ». Friedrich Nietzsche, quant à lui, aurait fini d’écrire Ainsi parlait Zarathoustra sur le sentier menant à la mer... Plus récemment, Léonardo di Caprio, Clint Eastwood, Michelle et Barack Obama ont eux aussi séjourné dans le château.
Côté gastronomie, la Chèvre d’Or surprend. Trois restaurants, trois choix : le Restaurant Gastronomique éponyme, Les Remparts et le Café du Jardin. À leur tête depuis juillet 2024 ? Tom Meyer, jeune chef de 29 ans ayant débuté chez Anne-Sophie Pic, finaliste du Bocuse d’Or en 2019, meilleur ouvrier de France en 2023… Et doublement étoilé aujourd’hui. Sa signature culinaire, forte, apporte une identité singulière au palace.
Selon Thierry Naidu, directeur général de la Chèvre d’Or, « Tom Meyer a une vraie signature. Sa cuisine est piquante, riche, il travaille sur plein de saveurs. Il veut mettre en valeur les accompagnements, non pas la protéine. » Au menu ? Une cuisine de la riviera, inspirée de la Méditerranée et de l’Italie.
Pour favoriser le circuit court, Thierry Naidu et les chefs ont choisi de développer leurs propres productions. Ainsi, il est possible de visiter un jardin de 200 plants d’agrumes, avec du Cédrat, du Citron caviar, de la Bergamote ou encore de la Clémentine d’Eze. « Toutes ces variétés sont autant sublimées dans la cuisine de Tom Meyer que dans les desserts de Florent Margaillan. »
Au restaurant gastronomique, doublement étoilé depuis 25 ans, impossible de ne pas remarquer la chèvre dorée qui fixe les visiteurs attablés, l’œil taquin. Son mythe, qui aurait donné son nom à l’établissement, est associé à l’occupation des Sarrasins en Provence au Moyen-Âge. La chèvre d’or — ou « cabro d’or » — était la gardienne fantastique d’un trésor légendaire, dont le pelage, les cornes et les sabots auraient été faits d'or…
Si le circuit court est privilégié dans les cartes, il en va de même pour le choix du poisson, pourtant rarement issu d’eaux locales. La Chèvre d’Or, comme Relais et Châteaux, se sont engagés à « contribuer à la régénération et au développement des écosystèmes marins, ainsi qu’à la protection de la biodiversité. » Pour cela, ils sont en partenariat depuis 2009 avec l’ONG Ethic Ocean, qui aide les chefs à favoriser la pêche durable et à éviter les espèces en danger — dont la liste évolue malheureusement trop fréquemment.
« Dans le cadre de cette mission pour 2025, l’Association a appelé ses membres à retirer de leurs menus des espèces menacées, jusqu’à ce que leurs stocks reviennent à un niveau sain. En Europe, il s’agit de l’anguille, du saumon atlantique, du tourteau, du merlu européen ainsi que du maquereau commun », précise Relais et Châteaux.
Ethic Ocean propose ainsi un guide pour tous les acteurs de la pêche, des chefs aux pêcheurs, pour les aider à faire le bon choix. Ce guide est issu de recommandations de scientifiques du CIEM qui, chaque année, les transmettent aux ministres de l’Union Européenne.
Tom Meyer, aidé par Elisabeth Vallet, directrice de l’ONG, y prête une attention toute particulière. « C’est un gros enjeu. Et ce qui est précieux, c’est lorsqu’un chef est ouvert, veut changer. On sent que ça évolue, et ce sont des gens comme Tom Meyer qui font bouger les choses… Il faut consommer moins de protéine animale, et mieux la consommer », conclue Elisabeth Vallet.
Hôtel Château de La Chèvre d’Or
Rue du Barri, 06360 Èze
04 92 10 66 66
2025-07-28T14:23:05Z